Smettetela
Smettetela di celebrare i massacri
Smettetela di celebrare dei nomi
Smettetela di celebrare i fantasmi
Questo sangue coagulato
Veleno di odio
Lievito di razzismo
Ahmed Azeggah
Che cosa abbiamo imparato? A vivere senza sprofondare nell’odio.
René-Jean Clot
Potremmo inventare una bugia
rotonda come un cristallo di limone
acido
sulle ferite degli aguzzini.
Perché nel terrore delle risate il sangue inscrive l’alfabeto negativo
dell’immaginario Yggdrasil.
Né radici umane né fiumi stellari,
il silenzio.
Quale poesia per cancellare l’ossessione
crimini, paure, parole mascherate?
Quale esercizio interiore per tracciare la verticalità dello sguardo?
Alcuni esseri soli tengono le dita mute
verso l’acqua degli alberi,
ma quale linfa collegherà il cielo alla terra?
La speranza avrebbe ricominciato proprio ora,
senza un passato, senza un’identità unica,
corpo e coscienza plurale,
gesti semplici,
coreografia di un’anima multipla …
altrove
la sedia del meditatore.
Ma lì, e ancora lì, l’illusione del tempo,
l’ipocrita linciaggio.
Così lontano così vicino
L’oblio della nostra miseria comune …
Marie-Claude San Juan
Questa poesia “Arrêtez” è stata pubblicata in originale sulla rivista di poesie “À L’Index”, N ° 24.
Arrêtez
Arrêtez de célébrer les massacres
Arrêtez de célébrer des noms
Arrêtez de célébrer les fantômes
(…)
Ce sang coagulé
Venin de la haine
Levain du racisme
Ahmed Azeggah
Qu’avons-nous appris ? A vivre sans sombrer dans la haine.
René-Jean Clot
On pourrait inventer un mensonge
rond comme un cristal de citron
acide
sur les plaies des bourreaux.
Car dans la terreur des rires le sang inscrit l’alphabet négatif
de l’imaginaire Yggdrasil.
Ni racines humaines, ni fleuves stellaires,
le silence.
Quel poème pour effacer la hantise
des crimes, des peurs, des paroles masquées ?
Quel exercice intérieur pour tracer la verticalité du regard ?
Des êtres solitaires tendent des doigts mutiques
vers l’eau des arbres,
mais quelle sève reliera ciel et terre ?
L’espérance serait l’instant recommencé,
sans passé, sans identité singulière,
corps et conscience pluriels,
gestes simples,
chorégraphie d’âme multiple…
Ailleurs
l’assise du méditant.
Mais là, et encore là, l’illusion du temps,
l’hypocrite lynchage.
Si loin, si près,
l’oubli de notre commune misère…
Marie-Claude San Juan
Ce poème a été publié dans la revue de poésie « À L’Index », N° 24.
36 attraversamenti di albe crepuscolari
“Cercar sempre
E scrivere solo all’infinito
per la gioia di iniziare”
Jean-Claude Tardif, « L’homme de peu »
.1. Rileggere Lao-Tzu, tatuarmi la pelle con frammenti di saggezza, e mantenere così una luce proveniente dalla stessa ombra lontana, invertire la direzione delle albe crepuscolari.
.2. Accarezzare di nuovo il vento con il mio volto e le mie mani, camminando sulla sabbia della Camargue.
.3. Liberare Ashraf Fayadh, Mohamed Ould M’Kheitir, Ali Mohammed Al-Nimr, Serge Atlaoui, scrivere i loro nomi sulle pagine dei diritti umani, quindi dimenticare i paesi che rinchiudono o uccidono. Liberami, io, dal peso del mondo. Ma, comunque, sognare una libertà sicura per Asia Bibi finalmente strappata dalle mura mortali. Sognare.
.4. Attraverso un lungo digiuno di giornali, notizie e morti, pensare solo alla mia, di morte, ma intrecciarne i misteri …
.5. Fare esercizio solitaria, silenziosa e persino egoista, per sapere di cosa si tratta. Il tutto amando degli occhi.
.6. Immaginare una pioggia che lava prestiti fittizi, apparenze, dell’essere che non si è.
Raggiungere l’osso.
Svuotare, lasciare gli oggetti staccarsi da me, come una polvere proiettata da un respiro.
.7. A poco a poco, strappare la pelle dei ricordi, per non essere nient’altro che un’anima.
Marie-Claude San Juan
Inizio di una raccolta di frammenti, pubblicata nel 2018 da pré#carré éditeur (fuori stampa),
collezione ” 36 choses à faire avant de mouri…”. Collezione successiva, stesso editore, ad una precedente, pubblicata nel 2008, alla fine (anche questa fuori stampa). Approccio editoriale ispirato a Georges Pérec e riecheggiante dei 33 pezzi di René Char …
36 traversées d’aubes crépusculaires…
Chercher toujours
et n’écrire qu’à l’infinitif
par joie du commencement.
Jean-Claude Tardif, « L’homme de peu »
.1. Relire Lao-Tseu, tatouer ma peau de fragments de sagesse, et garder ainsi une lumière venue de la même ombre lointaine, inverser le sens des aubes crépusculaires.
.2. Caresser encore le vent avec mon visage et mes mains, en marchant sur le sable de Camargue.
.3. Délivrer Ashraf Fayad, Mohamed Ould M’Kheitir, Ali Mohammed Al-Nimr, Serge Atlaoui, calligraphier leurs noms sur les pages des droits humains, puis oublier les pays qui enferment ou tuent. Me délivrer, moi, du poids du monde. Mais, quand même, rêver d’une liberté sans danger pour Asia Bibi enfin arrachée aux murs mortels. Rêver.
.4. Par un long jeûne de journaux, de nouvelles, et de morts, ne plus penser qu’à la mienne, de mort, mais en tisser les mystères…
.5. S’exercer solitaire, silencieuse, et, même, égoïste, pour savoir ce que c’est. Tout en aimant des yeux.
.6. Imaginer une pluie qui lave des emprunts fictifs, des apparences, de l’être qu’on n’est pas.
Atteindre l’os.
Faire le vide, laisser les objets se détacher de moi, comme une poussière qu’un souffle projette.
.7. Bribe par bribe arracher la peau des souvenirs, pour n’être plus qu’âme.
Marie-Claude San Juan
Début d’un recueil de fragments, publié en 2018 par pré#carré éditeur (épuisé),
collection « 36 choses à faire avant de mourir… ». Recueil faisant suite, même éditeur, à un premier, publié en 2008, Juste à la fin (épuisé aussi). Démarche éditoriale inspirée par Georges Pérec, et faisant écho aux 33 morceaux de René Char…
Marie-Claude San Juan: scrive e fotografa. Cultura meticcia (Nord Africa, Spagna andalusa, Provenza). Formazione letteraria (DEA di letteratura comparata su Edmond Jabès). Animazione di seminari di creazione (scrittura, creazione visiva, lettura di immagini). Pubblicazione su riviste (tra cui À L’Index, Babel heureuse, Les Cahiers du Sens, Le Capital des mots). Collezioni di frammenti con pré # carré éditeur, 2008 e 2018. A maggio 2020 uscirà “Ombres géométriques frôlées par le vent “, ed. Unicité, Parigi (fotografie e testi).
(immagine dell’autrice)